Les discussions sur la violence domestique et la violence entre partenaires intimes sont au cœur de notre travail à la Société d’aide à l’enfance de Toronto (CAST), ces questions étant impliquées dans plus de la moitié des cas que nous soutenons. À l’occasion de la Journée nationale de commémoration et d’action contre la violence faite aux femmes, le 6 décembre, nous avons abordé ce sujet important avec le grand public.

Notre PDG, Lisa Tomlinson, a participé à l’émission CP24’s Breakfast Show avec Jennifer Hsiung, en mettant en relief l’intersection de la violence domestique et de la protection de l’enfance. Elle a expliqué comment la société soutient les familles confrontées à ces défis et a souligné le rôle collectif que notre communauté peut jouer dans la lutte contre la violence domestique. L’interview de Lisa s’appuie sur les idées exprimées dans son article ci-dessous, où elle réfléchit aux principales leçons apprises au cours de ses 30 années d’expérience dans tous les secteurs. Nous vous invitons à découvrir son point de vue réfléchi.

6 leçons que j’ai apprises sur la violence domestique et la protection de l’enfance

La violence domestique est un problème omniprésent, palpable dans plus de la moitié des cas rencontrés par la Société d’aide à l’enfance de Toronto (CAST). Pourtant, malgré sa prévalence, il subsiste un décalage important dans la façon dont la société envisage la relation entre la violence domestique et la protection de l’enfance. Ces questions sont souvent traitées comme si elles existaient séparément, alors qu’elles sont profondément imbriquées et qu’il est temps d’avoir une conversation franche à ce sujet.

J’ai passé trois décennies à l’intersection de la protection de l’enfance et de la violence domestique et j’ai été témoin des complexités qui surgissent lorsque ces deux crises se chevauchent. Au cours de ma carrière, j’ai travaillé en première ligne avec des enfants et des familles qui avaient un besoin urgent de sécurité et de stabilité, et j’ai occupé des postes de direction, notamment celui de chef des opérations et maintenant celui de chef de la direction.

Aujourd’hui, je vous fais part des leçons que j’ai apprises et qui expliquent pourquoi il est essentiel, pour le bien-être des enfants et des familles, de s’attaquer dès maintenant à cette intersection.

Première leçon : La violence domestique a un impact profond et durable sur les enfants, même lorsqu’ils ne sont pas les victimes directes des abus et des préjudices.

Pendant des années, j’ai lu des témoignages d’officiers de police qui se sont rendus dans des foyers à la suite d’un appel au 911. Les officiers rapportent souvent que les enfants étaient « endormis » ou dans « une autre pièce » lorsque leur mère était maltraitée. Le plus souvent, ils ne dormaient pas et savaient ce qui se passait.

Nombreux sont ceux qui pensent que si la violence n’est pas dirigée contre l’enfant, celui-ci ne sera pas affecté. Cette croyance est dangereuse et trompeuse — les enfants ne sont pas des spectateurs invisibles. Cette croyance est dangereuse et trompeuse — les enfants ne sont pas des spectateurs invisibles.

Nous savons que le fait d’être témoin de violences au sein du foyer peut entraîner des problèmes développementaux, émotionnels et psychologiques qui affectent les enfants pendant des années, voire toute leur vie. Le cycle de la violence peut également se répéter lorsque ces enfants deviennent adultes et ont leurs propres relations. Le traumatisme qu’ils subissent doit être reconnu et les interventions doivent être conçues en tenant compte de leur sécurité, de leur bien-être et de leur guérison.

Deuxième leçon : Aucune organisation ne peut à elle seule s’attaquer aux complexités de la violence domestique et de la protection de l’enfance.

Les plus grandes réussites de la société sont le fruit d’une collaboration significative avec les partenaires communautaires, les forces de l’ordre, les professionnels de la santé, les agences de services sociaux et le secteur de la violence à l’égard des femmes. Le modèle de travail en vase clos met en péril les jeunes et les familles, et nous l’avons constaté à maintes reprises.

Lorsque les services sont fragmentés, les familles passent entre les mailles du filet.

La seule façon d’apporter un soutien holistique est de mettre en place une collaboration coordonnée et intersectorielle qui garantisse qu’aucune pièce du puzzle ne manque. Nous avons fait des progrès considérables, mais il reste encore beaucoup à faire, en particulier pour établir des partenariats plus solides avec des services culturels et identitaires spécifiques.

Troisième leçon : Les systèmes de protection de l’enfance se concentrent généralement sur les mères et les enfants, négligeant souvent le rôle que jouent les pères en contribuant à la violence domestique et en y remédiant.

Il est essentiel de soutenir les pères, non seulement en les responsabilisant, mais aussi en les faisant participer à des changements significatifs. Nous, la société, nous efforçons d’intégrer l’engagement des pères dans notre approche, en les aidant à développer des relations plus saines et à briser le cycle de la violence. Les pères jouent un rôle crucial dans la création d’environnements sûrs et favorables pour leurs enfants, et leur inclusion dans la conversation n’est pas négociable et constitue également une forme de prévention.

Quatrième leçon : Si nous voulons apporter des changements durables, nous devons commencer par intégrer une compréhension de la violence domestique et de son impact dans le tissu de nos systèmes éducatifs.

Cela commence par la formation des futurs travailleurs sociaux, prestataires de soins de santé et éducateurs aux complexités de la violence domestique. La plupart des universités canadiennes qui proposent un diplôme ou une maîtrise en travail social n’ont pas de cours obligatoire sur la violence domestique, bien que nous sachions qu’elle est présente dans les familles à des taux alarmants.

Au sein de notre Agence, nous avons mis en œuvre des initiatives éducatives qui garantissent que les professionnels entrant dans ces domaines sont préparés à identifier la violence domestique, à y répondre et à la traiter de manière efficace. En normalisant les conversations sur la violence domestique, nous pouvons faire évoluer les attitudes de la société et créer des systèmes plus réactifs.

Cinquième leçon : Les agences de protection de l’enfance sont perçues comme une menace pour les familles, plutôt que comme un soutien.

Les familles victimes de violence domestique peuvent craindre de perdre leurs enfants si elles s’adressent à nous. Nos équipes de lutte contre la violence domestique travaillent sans relâche pour combattre cette idée fausse, en fournissant des services axés sur la sécurité, la guérison et la préservation de la famille chaque fois que cela est possible. Nous nous efforçons d’être perçus comme des alliés, aidant les familles à traverser des circonstances incroyablement difficiles dans le but de garder les enfants en sécurité et soutenus à la maison.

Sixième leçon : C’est maintenant qu’il faut agir.

Aujourd’hui, les services sociaux, les secteurs de la santé et les gouvernements discutent de la disponibilité des ressources et des aides communautaires pour les enfants et les familles. La violence domestique doit être au cœur de ces discussions. Il est temps de veiller à ce que les stratégies de prévention, d’intervention et de protection contre la violence domestique soient intégrées dans la manière dont nous construisons des familles et des communautés fortes et solidaires.

Il ne s’agit pas seulement d’une question concernant les enfants et les familles d’aujourd’hui — il s’agit de construire un avenir où la sécurité, la stabilité et le bien-être sont la norme, et non l’exception.